Les forces d'intervention progressent plus rapidement dans un tunnel très enfumé avec l’aide d’un bâton de recherche que sans. Dès qu'ils sont suffisamment entraînés et familiarisés avec le bâton de recherche, elles vont encore plus vite. C'est l'un des nombreux résultats intéressants issu d'une étude menée par Karel Lambert du corps de sapeurs-pompiers professionnels de Bruxelles avec le soutien de l'Université de Gand. Les essais réalisés ont également apporté de nouvelles connaissances sur la consommation d'air des équipes engagées sous protection respiratoire, connaissances que nous présentons brièvement dans le présent article de notre magazine. Le rapport de recherche complet, publié dans le «Fire Safety Journal», peut être téléchargé gratuitement jusqu'au 4 janvier 2025.
Qu'est-ce qui influence les performances des équipes de recherche et sauvetage?
Les travaux de cette recherche étaient centrés sur la question suivante: «Quels sont les facteurs qui influencent les performances des porteurs d’appareils de protection de la respiration lors d’un engagement en recherche et sauvetage dans un tunnel?». Pour ce faire, 35 sapeurs-pompiers du corps de sapeurs-pompiers professionnels de Bruxelles ont été répartis en sept équipes différentes et envoyés dans une galerie de 420 mètres de long. Ils avaient trois missions à y accomplir:
- avancer d'environ 400 mètres jusqu'à une balise;
- y trouver une personne dans un rayon d'environ 10 mètres de la balise et la préparer pour un sauvetage effectué à l'aide d'une barquette de sauvetage équipée de roues;
- revenir au point de départ avec la personne de 80 kg transportée sur la barquette.
Il est à noter que, dans ce contexte, les sapeurs-pompiers avaient les yeux bandés. Pour ce qui concerne la protection de la respiratoire, ils endossaient des appareils mono-bouteille standards.
Consommation d'air, vitesse de déplacement et fréquence cardiaque
Les principales données récoltées dans le cadre de cette étude concernent la consommation d'air, la vitesse de déplacement dans le tunnel pour se rendre sur le «lieu de l'intervention» et en revenir, ainsi que la fréquence cardiaque des participants. Un engagement a été considéré comme réussi lorsque tous les sapeurs-pompiers d'une équipe sont revenus au point de départ sans puiser dans leur réserve d'air respirable. Quatorze participants n'ont pas satisfait à ce critère. Nous présentons brièvement ci-dessous deux résultats importants issus de cette étude.
Plus c'est rapide, moins la consommation totale d'air est importante
Des vitesses de progression plus élevées requièrent un effort plus important, ce qui explique l'augmentation de la consommation d'air (mesuré en l/min). Lors de chaque essais, on s’attendait à ce que la consommation totale d'air soit plus élevée que ce qu’elle a été. En réalité, il s'est avéré que celle-ci diminuait parce que les équipes avaient besoin de moins de temps pour accomplir la mission attribuée. Karel Lambert en conclut que la profondeur de pénétration atteignable avec une certaine quantité d'air respirable est donc déterminée de façon décisive par la vitesse de progression des équipes. Karel Lambert prévoit d’effectuer d'autres essais au cours desquels les forces d'intervention devront marcher sur du gravier. Il suppose qu'ils progresseront alors plus lentement et consommeront globalement davantage d'air.
La maîtrise du bâton de recherche peut accélérer la recherche
Sur le trajet d’aller vers le lieu d'intervention, la vitesse moyenne des sapeurs-pompiers était initialement de 0,39 m/s et augmentait avec le temps. Au retour, ceux-ci ont atteint une vitesse moyenne de 0,5 m/s. L'étude explique ce phénomène par le fait que les sapeurs-pompiers devaient d'abord se familiariser avec le bâton de recherche. «Si les équipes s'entraînaient régulièrement avec un bâton de recherche, la phase d'adaptation serait probablement moins longue», conclut l’étude. «Ils seraient ainsi plus rapides et cela réduirait également la consommation totale d'air.»
Etude disponible en téléchargement
La documentation complète relative à l'étude de Karel Lambert, qui présente toutes les conditions des essais et les résultats obtenus, peut être téléchargée gratuitement jusqu'au 4 janvier 2025 sur Elsevier en tant qu’article de la revue Fire Safety Journal. Passée cette date, le rapport de recherche sera payant.
Autres publications de Karel Lambert
Karel Lambert est notamment employé en tant que major auprès des sapeurs-pompiers de Bruxelles, où il est à la fois responsable de la formation et commandant de l'une des quatre compagnies opérationnelles. Avec son entreprise CFBT-BE, lui et son équipe proposent des formations de formateurs en Belgique et à l'étranger. Par ailleurs, Karel Lambert est également professeur invité à l'Université de Gand et enseigne aux ingénieurs en prévention incendie dans le domaine de la lutte contre le feu. Deux de ses domaines de recherche sont la ventilation et la recherche et le sauvetage. En 2018, il a déjà publié une étude sur l'utilisation de ventilateurs à pression positive pour créer un courant d'air dans les stations de métro.
D'autres publications de Karel Lambert peuvent être téléchargées en plusieurs langues sur le site web de CFBT-BE.