Robert Grafe, directeur du Centre allemand de robotique de sauvetage (DRZ) à Dortmund, estime qu’il y a encore de nombreuses recherches et des développements à réaliser avant que les sapeurs-pompiers ne puissent exploiter pleinement le potentiel des robots à grande échelle. Cela ne concerne pas au premier chef les technologies utilisées, mais plutôt les expériences pratiques qui doivent encore être acquises dans le cadre de recherches effectuées sur le terrain et lors des interventions.
La polyvalence des robots offre de nombreuses possibilités d’engagements
Les robots peuvent soutenir les sapeurs-pompiers dans quatre domaines, explique Robert Grafe, évoquant les exemples ci-dessous:
- les robots pourraient améliorer la sécurité en intervention, par exemple en effectuant des recherches dans des zones présentant des risques d’effondrement;
- les robots pourraient apporter de nouvelles compétences, telles que la reconnaissance aérienne;
- les robots pourraient alléger le travail des sapeurs-pompiers en prenant en charge des tâches comme le transport de personnes;
- les robots pourraient contribuer à réduire les coûts, par exemple en permettant d’appréhender plus rapidement et de mieux évaluer certaines situations.
Pour y parvenir, il reste toutefois encore quelques travaux à effectuer, dans le cadre desquels les sapeurs-pompiers peuvent apporter une contribution essentielle.
L’utilisation de robots influence la tactique
L’engagement de robots par les sapeurs-pompiers peut modifier leur appréhension de la situation, leurs options d’action et leurs chaînes de commandement. Robert Grafe cite un exemple tout simple: l’utilisation d’un drone pour la reconnaissance. Si le drone est envoyé par anticipation, il peut arriver sur le lieu du sinistre avant le premier chef de groupe ou de section. Comment et par qui les images transmises doivent-elles alors être exploitées? Celui qui pilote le drone doit-il définir le déploiement des véhicules sur la base de sa vision de la situation? Ou doit-il plutôt transmettre les données reçues au chef d’intervention? Comment ces deux personnes communiquent-elles entre elles? Ni la technologie ni les fabricants de robots ne peuvent répondre à ces questions. C’est donc à ce niveau que les sapeurs-pompiers sont sollicités.
Task Force «Robotique »chez les sapeurs-pompiers de Dortmund
Le développement, et respectivement la poursuite du développement de tactiques spécifiques à l’engagement de robots en collaboration avec les sapeurs-pompiers est l’une des principales tâches de recherche du DRZ, selon Robert Grafe, qui insiste sur la nécessité de remplacer les essais en «laboratoire» par des essais menés sur le terrain et par l’utilisation de robots dans les interventions. Dans ce contexte, Robert Grafe privilégie le concept d’une Task Force «Robotique», tel qu’elle a été mise en place à titre d’essai en collaboration avec les sapeurs-pompiers de Dortmund. Concrètement, cela signifie qu’un véhicule spécial a été développé pour les interventions dans lesquelles la robotique est engagée. Cette camionnette sert actuellement de véhicule porteur de drones, mais, selon Robert Grafe, elle peut «faire beaucoup plus». De plus, il faut savoir que, en cas d’événement majeur, d’autres corps de sapeurs-pompiers peuvent également contacter cette Task Force. Il est toutefois à noter que celle-ci n’est pas de piquet 24h/24 et 7j/7.
Les interventions des sapeurs-pompiers effectuées avec des ro-bots requièrent une approche «du bas vers le haut»
Lorsqu’il s’agit de la recherche et de l’intégration de la robotique dans les interventions des sapeurs-pompiers, Robert Grafe préconise une approche «du bas vers le haut». Cela signifie qu’il ne faut pas seulement se demander si et comment les systèmes robotiques existants pourraient être utilisés par les sapeurs-pompiers, mais plutôt de se demander pourquoi les sapeurs-pompiers ont besoin de la robotique et quelles technologies doivent être développées pour chaque objectif. Il invite donc les sapeurs-pompiers à collaborer. Les interventions dans les parkings souterrains figurent déjà sur la liste des thèmes traités par le DRZ. Une autre question lui a par ailleurs été posée au sujet des interventions dans les infrastructures souterraines de circulation: des robots pourraient-ils par exemple être utilisés pour les longs trajets de reconnaissance en cas d’événement survenant dans un tunnel ferroviaire? A ce propos, Robert Grafe envisage l’option d’une collaboration avec les gestionnaires d’infrastructures sur ce sujet précis. Il recommande de ce fait aux sapeurs-pompiers qui souhaitent collaborer avec le DRZ et se pencher davantage sur l’utilisation de la robotique d’adhérer à l’association à but non lucratif «Deutsches Rettungsrobotik-Zentrum e.V.».
